Tout est question de question
Même si votre avis ne me troublera que très peu quant à ma façon de mener ma « petite entreprise », je me dois de vous avouer une certaine faiblesse. Je ne peux pas m’empêcher de penser que l’arrivée du petit nouveau n’est pas étrangère à cette baisse de régime. Le bonhomme est fort, très fort, et il ne manque jamais une occasion de me clouer le bec, me rendant presque ridicule aux yeux de mes chers patrons.
Après un week-end passé à écouter les jérémiades de mon épouse, incapable de se rendre compte que ses petits problèmes ne sont rien par rapport à mon ambition et aux moyens que je mets en place pour l’assouvir. Je pense que, quelque part, je la hais. Heureusement, n’explosant pas chez moi, je garde en moi cette hargne pour mieux me battre au bureau. Ce week-end, elle a fait fort et je dois la remercier. Je me sens en pleine forme pour moucher le blanc-bec qui croit que ses attitudes de scout attardé m’empêcheront d’être le chouchou de la direction.
Ma technique pour reprendre pied dans ce monde de brutes est simple : je me montre omniprésent en posant des questions dont j’ai déjà la réponse, mais dont je sais aussi que mes chefs ont la réponse. Je flatte de la sorte leur ego surdimensionné tout en me rabaissant suffisamment à leurs yeux pour que jamais ils ne s’imaginent que je pourrais convoiter leur place.
Je suis un adepte de la théorie de l’incompétence. Un chef n’est jamais à sa place puisque, faisant extrêmement bien son boulot là où il était auparavant, il a été propulsé à une place pour laquelle il ne connaît rien ou pas grand-chose. Lui faire de petits plaisirs en lui donnant l’impression de savoir est donc assez aisé et permet de gagner des points dans mon classement « fayotage ».
Fini de bavarder : je dois y retourner… « L’autre » est en train de me prendre une nouvelle fois de vitesse avec des questions pas plus pertinentes que les miennes…